I-Contestation du réalisme
I.1. situation historique vers le triomphe du réalisme.
Jan Watt : « réalisme et forme romanesque » dans Littérature et réalité. Voir rapport entre réalisme et nominalisme en Philo: universaux donnant statut épistémologique aux choses. On parvient à une connaissance générale. Connaissance possible que d’une réalité matérielle par un individu concret.
1855 : cœur de la bataille réaliste. Chamfloeury : « A l’heure qu’il est le mot réalisme a fait son trou dans le dictionnaire, inventé par les critiques comme une machine de guerre pour exciter à la haine contre une génération nouvelle ; l’arme est de celle qui blesse ceux qui l’emploie. » : donné comme un combat esthétique.
…qui tourne à l’excès : Huysmans : autocritique réaliste (Préface d’A Rebours)
I..2. bases conceptuelles du réalisme
Le choix d’une forme : le roman. Cf précurseurs : Flaubert, Balzac. Forme par excellence de l’expérience individuelle, d’une adéquation avec la réalité
Règne de la mimèsis : importance de la description exhaustive ex : casquette de Charles Bovary, Germinal, portrait du colonel Chabert… ;
choix du détail : Gracq :le pouvoir séparateur de la litté a augmenté avec le temps (microscope) ;
transparence : cf 18 Aout 1864, Zola, la lettre a Walabrègne et la théorie des écrans, référence à l’écran réaliste.
I..3. une idéologie
Règne de la bourgeoisie : classe sociale, spécificité de ne pas s’identifier comme telle. Pouvoir politique sur des bases économiques. Vision de domestication et d’exploitation sur la nature. Sartre, Qu’est ce que le Littérature ?, une écriture qui correspond à une classe bourgeoise : celle du réalisme.
Le positivisme, Auguste Comte, Cours de philosophie positive. Brunetière, Le roman réaliste,(naturaliste) « le réalisme devient dans l’art ce que le positivisme est en Philosophie »
Scientisme et matérialisme : le roman expérimental de Zola, qui en arrive à la conception d’un roman éprouvette où l’on perçoit une réaction chimique d’humanité. 1803, Huysmans et la préface d’A Rebours.
Baudelaire met en doute la réalisation et les fondements idéologiques du réalisme, au nom de la poésie.
II. le réel poétique et la surnature
II.1. les termes d’un paradoxe
Thématique : la poésie a peu de gout pour le ponctuel
La poétique d’Aristote « La poésie traite plutot du général, de la chronique, du particulier ». rareté des éléments strictement matériels dans le corpus poétique (classique) : cf la lyrique amoureuse du XVIIe : LA Délie de Scève, Ronsard…
Textes de détails d’intérêt mineur en poésie ex : les blasons, petits objets (Belleau…clin d’œil à Wendy !)
Un poésie à vocation universaliste, vise l’essence
Mallarmé : fuite de la contingence pur l’essence (« Crise de vers »)
Héritage de la sacralité
Le « vates » de la poétique antique : le poète et le prophète sont égaux : sacralité de la poésie, idem dans la période moderne. Cf Pontus de Tyard, et ..Hugo, poète prophète.
II.2. la pénétration poétique
La concentration. Densité de la parole poétique. But étant d’etre maitre de la réalité pour qu’elle ne s’impose pas. Lutte de l’écriture cf Valéry Charmes
La métaphore, propre à la poésie, différente de la métonymie, qui est le propre de la prose. Echapper à l’emprise de la réalité prosaique pour mieux en rendre compte. Proust : « les métaphores d’Elstir » dans Les jeunes filles, ou dans Nom de pays, le nom
Prend sens par l’appel qu’elle fait à la liberté de l’intellect.
II.3. la sublimation : l’autre monde
Thématique de l’absolu. Bonnefoy, Mallarmé : angoisse face à la contingence du monde, aspiration à l’absolu. ex : sonnet allégorique de lui-meme.
La réalité baudelairienne. Croyance en une surnature, lien avec l’absolu par les mots.
Abolition de l’individualité du poète ? Rimbaud, lettres dites du Voyant : « Je est une autre », il ne peut etre poète que s’il n’est plus lui-meme.
III. validité de cette surnature : réel irrigué par la
poésie
III.1. un mirage idéologique
Explication historique. Sartre Qu’est ce que la littérature ? poésie contre écriture bourgeoise : la litté sous les nouvelles couleurs de la classe dominante, litté qui s’idéalise, ce sont les deux tendances aps la révo française.
Version thématique de la thèse : monde des fleurs du mal « Crépuscule du soir », négation pour vie, respirer.
Figure du poète : pure négativité. Ex : lecture de Mallarmé par rapport au suicide. L’autre monde semble en contradiction avec le monde poétique. Nihilisme de Blanchot. Idéologie d’une contestation.
III.2. retour du poétique vers le monde.
Retour des éléments référentiels. Jacottet « au petit jour », Char, Ponge, retour d’éléments concrets.
Célébration du monde sensible, de la sensation. Cossimberg, sur Saint John Perse : envahissement de la perception sensorielle : la mer, le salé. Dimension profondément tactile, contact réel avec le monde.
…dans une transfiguration qui en donne le sens profond. Schopenhauer : Le monde comme volonté, comme représentation, pragmatique, métonymique, différent du génie, métaphorique. Vision verticale, rattachement d’un individuel à un universel qui l’éclaire. L’artiste doit descendre vers le monde sensible pour partager son expérience. Mais l’objet que l’on retouve est différent, il n’est plus le meme. Chap 1 de La Poétique : la mimèsis ne veut pas produire une nouvelle réalité mais transfigurer cette réalité. (cf le outos ekeinos pour les hellénistes)
III.3. universalité de la notion de poésie (triomphe de Baudelaire)
Dépassement générique. Explosion du système des genres. Les poèmes en prose….le roman poétique…
Elargissement de la notion de poésie. Proust, Jakobson , Meschonic. La poésie représente un mode de relation au monde particulier.
Le roman comme refus du réalisme. Le nouveau roman montre l’absurdité du mécanisme littéraire. Remise en cause ex Claude Simon (son origine : Huysmans)