Neuvième phrase :La traduction de erant en tête de phrase par la locution « il y a » semble mal connue, mais le
sens global a généralement été trouvé dans cette première proposition. La seconde a montré les
lacunes des candidats en étymologie, ce à quoi de futurs professeurs doivent rapidement remédier.
Mieux, ils devront répondre au goût généralement prononcé de leurs élèves dans ce domaine.
Imitabilis présentait en effet le suffixe indiquant la possibilité, que l’on retrouve en français. Il a
pourtant été traduit par « le plus grand imitateur » ou « imitant » dans de nombreuses copies, alors
que l’adjectif verbal imitandus a été le plus souvent bien rendu. Le verbe uidebaris devait être
correctement identifié afin de bien rendre le tu mihi (tu mihi uidebaris : « tu me semblais »). Enfin, la
parenthèse a produit diverses tournures, bien que le sens soit facile à découvrir pour qui a suivi le
raisonnement : Pline voulait suivre les traces de Tacite (phrase
, et l’a choisi parmi d’autres hommes
de talent (1ère proposition de la phrase 9) parce qu’il lui semblait plus facile de l’imiter (fin de la phrase
9) en vertu d’une ressemblance de nature.
Dixième phrase :Quo magis gaudeo quod présentait la même structure que quam me delectat quod. On
pouvait néanmoins traduire ce quod aussi bien par « le fait que » ou « parce que », car le sens de
« se réjouir » l’autorisait en français. Ainsi sont développées deux causes à cette joie : quod una
nominamur et quod statim occurro… Una a été pris pour un féminin et traduit comme tel (« une
seule »). Le sens adverbial « ensemble » est pourtant courant. J’attire ici fortement l’attention du
candidat au CAPES de Lettres sur les dérives langagières de notre temps : Pline et Tacite ne peuvent
en aucun cas être « nominés », traduction trop fréquemment rencontrée de la part de ceux qui devront
enseigner en tout premier lieu les différents registres de langue à des adolescents imprégnés de
culture télévisuelle. Attention aussi aux prépositions courantes, comme de « au sujet de » : elles ne
doivent pas être transformées selon le bon vouloir d’un traducteur débutant, mais doivent précisément
lui servir de guide tant elles sont simples d’usage. Ainsi les très nombreux candidats qui ont traduit
« j’accours vers toi » (en construisant de te ocurro) se seraient corrigés bien vite d’eux-mêmes. Faire
confiance à ses connaissances les plus élémentaires permet de mieux maîtriser ses émotions face à
l’épreuve. Plus délicat dans sa tournure, si quis de studiis sermo a pourtant été assez bien traduit.
Onzième phrase :Nec desunt qui a pu être traduit parfois par « et elles ne manquent pas… ». S’agit-il dans
l’esprit des candidats des études (studia) évoquées à la phrase précédente ? Studia est un neutre
pluriel ; il est donc impossible qu’il soit antécédent de qui, masculin pluriel. Praeferantur a souvent été
traduit par un actif, et le sens et le cas de utrique se sont révélés très fluctuants : il n’a pas été vu
comme le datif complément de praeferantur, alors même que le passif avait été identifié, mais comme
un complément d’agent. De façon générale, les indéfinis semblent mal maîtrisés.
Douzième phrase :La forme passive de iungimur a souvent été bien repérée. Mais l’explicitation introduite par
nam a été traduite de diverses manières, alors que le sens en était annoncé dès la citation de Virgile
traduite en note. Le verbe est est sous-entendu, comme très souvent en latin. La mauvaise analyse
du datif mihi et la perversion du sens de ab ont pu fréquemment produire l’énoncé : « C’est moi en
premier qui suis le plus proche de toi ». La proposition incise était presque entièrement traduite dans
le dictionnaire de Gaffiot (nihil interest mea). Il restait à comprendre quo loco comme un groupe
nominal et non comme une forme verbale.
Treizième phrase :Les candidats doivent apprendre les principales conjonctions et locutions adverbiales, afin
d’acquérir de l’aisance et ne pas chercher trop longuement la signification d’un quin etiam. Sur cette
phrase se sont accumulées les imprécisions menant à de graves erreurs. L’infinitif parfait actif
adnotasse a souvent été pris pour un passif, et quelques candidats ont pu y ajouter un faux -sens :
« avoir été consigné » au lieu de « avoir noté, remarqué » . Debes a parfois été traduit par « on doit »,
malgré la situation de communication identifiée dès l’ouverture de la lettre. Testamentis a été analysé
comme un singulier au lieu d’un pluriel… Plus grave, eadem legata a très souvent été interprété
comme « la même ambassadrice ». Cette faute, surprenante au cours de la lecture, révèle cependant
une lacune courante chez les candidats, qui ne distinguent pas les neutres pluriels des féminins (ainsi,
le quae omnia de la phrase suivante a subi le même traitement : « et toutes celles-ci »). La proposition
introduite par nisi a rarement été comprise car l’emploi de quis après si, nisi, ne, num… est mal
maîtrisé et il semble impossible à beaucoup d’analyser correctement un mot comme alterutri. Il faut
que les candidats apprennent systématiquement les déclinaisons, notamment celle des indéfinis, et
qu’ils soient capables de rapprocher les mots de nature grammaticale semblable et de les lier à un
modèle de déclinaison. Ce travail de classement est indispensable pour limiter les mémorisations
pénibles et acquérir une certaine souplesse linguistique.
Quatorzième phrase :La confusion entre le neutre et le féminin a amené la majeure partie des candidats à ne pas
comprendre le sens de spectant, développé par ut dont les différents sens se confondent dans l’esprit
de certains avec les différents sens de cum. Cum a en outre été construit avec uinculis pour former un
complément circonstanciel. La présence rapprochée de ces conjonctions de subordination très
usuelles semble avoir déstabilisé certains. A l’attention des futurs candidats, clarifier les emplois de
cum et de ut est absolument nécessaire pour aborder sereinement tout texte latin. Observer le mode
du verbe diligamus suffisait à en indiquer l’emploi dans cette phrase. Enfin, suprema a été dissocié de
iudicia et les deux termes ont alors été traduits respectivement par « les dernières choses » et « les
jugements des hommes ». Parfois, l’accumulation n’a pas même été analysée comme le sujet de
constringant.
ConclusionLa moyenne des notes était inférieure aux années précédentes : trop de candidats se sont
présentés à l’écrit sans s’être vraiment préparés. Le niveau des versions proposées au CAPES
externe de Lettres modernes n’est pas très élevé, mais il suppose la maîtrise des points
fondamentaux de la grammaire latine et un entraînement à l’exercice de la version. D’autres
candidats, heureusement, s’efforcent de comprendre le sens du texte et produisent des traductions
soignées. Félicitons-les ici de leur travail et saluons les copies qui atteignent des notes brillantes :
sans être parfaites, puisque nulle traduction ne peut prétendre l’être, elles sont le témoignage de
l’intérêt que les candidats portent aux lettres latines et d’un goût pour la culture antique qu’ils
transmettront sans doute avec bonheur à leurs élèves.