PROGRAMME DE REVISIONS DU CAPES DE LETTRES
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Le journal de bord du candidat au capes de Lettres modernes
 
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 Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce...

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Perlounette
Toujours là!
Perlounette


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Date d'inscription : 11/09/2005

Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce... Empty
MessageSujet: Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce...   Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce... Icon_minitimeJeu 12 Jan - 18:04

PREMIERE PARTIE

--- I ----

Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce de cent sous, Georges Duroy sortit du restaurant.

Comme il portait beau par nature et par pose d'ancien sous-officier, il cambra sa taille, frisa sa moustache d'un geste militaire et familier, et jeta sur les dîneurs attardés un regard rapide et circulaire, un de ces regards de joli garçon, qui s'étendent comme des coups d'épervier.

Les femmes avaient levé la tête vers lui, trois petites ouvrières, une maîtresse de musique entre deux âges, mal peignée, négligée, coiffée d'un chapeau toujours poussiéreux et vêtue toujours d'une robe de travers, et deux bourgeoises avec leurs maris, habituées de cette gargote à prix fixe.

Lorsqu'il fut sur le trottoir, il demeura un instant immobile, se demandant ce qu'il allait faire. On était au 28 juin, et il lui restait juste en poche trois francs quarante pour finir le mois. Cela représentait deux dîners sans déjeuners, ou deux déjeuners sans dîners, au choix. Il réfléchit que les repas du matin étant de vingt-deux sous, au lieu de trente que coûtaient ceux du soir, il lui resterait, en se contentant des déjeuners, un franc vingt centimes de boni, ce qui représentait encore deux collations au pain et au saucisson, plus deux bocks sur le boulevard. C'était là sa grande dépense et son grand plaisir des nuits ; et il se mit à descendre la rue Notre-Dame-de-Lorette.

Il marchait ainsi qu'au temps oů il portait l'uniforme des hussards, la poitrine bombée, les jambes un peu entrouvertes comme s'il venait de descendre de cheval ; et il avançait brutalement dans la rue pleine de monde, heurtant les épaules, poussant les gens pour ne point se déranger de sa route. Il inclinait légèrement sur l'oreille son chapeau à haute forme assez défraîchi, et battait le pavé de son talon. Il avait l'air de toujours défier quelqu'un, les passants, les maisons, la ville entière, par chic de beau soldat tombé dans le civil.

Quoique habillé d'un complet de soixante francs, il gardait une certaine élégance tapageuse, un peu commune, réelle cependant. Grand, bien fait, blond, d'un blond châtain vaguement roussi, avec une moustache retroussée, qui semblait mousser sur sa lèvre, des yeux bleus, clairs, troués d'une pupille toute petite, des cheveux frisés naturellement, séparés par une raie au milieu du crâne, il ressemblait bien au mauvais sujet des romans populaires.

C'était une de ces soirées d'été oů l'air manque dans Paris. La ville, chaude comme une étuve, paraissait suer dans la nuit étouffante. Les égouts soufflaient par leurs bouches de granit leurs haleines empestées, et les cuisines souterraines jetaient à la rue, par leurs fenêtres basses, les miasmes infâmes des eaux de vaisselle et des vieilles sauces.

Les concierges, en manches de chemise, à cheval sur des chaises en paille, fumaient la pipe sous des portes cochères, et les passants allaient d'un pas accablé, le front nu, le chapeau à la main.

Quand Georges Duroy parvint au boulevard, il s'arrêta encore, indécis sur ce qu'il allait faire. Il avait envie maintenant de gagner les Champs-Élysées et l'avenue du bois de Boulogne pour trouver un peu d'air frais sous les arbres ; mais un désir aussi le travaillait, celui d'une rencontre amoureuse.

Comment se présenterait-elle ? Il n'en savait rien, mais il l'attendait depuis trois mois, tous les jours, tous les soirs. Quelquefois cependant, grâce à sa belle mine et à sa tournure galante, il volait, par-ci, par-là, un peu d'amour, mais il espérait toujours plus et mieux.
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Perlounette
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Perlounette


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Date d'inscription : 11/09/2005

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MessageSujet: Re: Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce...   Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce... Icon_minitimeJeu 12 Jan - 18:08

IL s'agit de l'incipit de Bel Ami de Maupassant

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Pistes pour le commentaire :
Cela ne constitue qu'une première approche et ne saurait suffire pour répondre aux exigences du Capes.


I- Portrait de Georges DUROY

a) Le physique
C'est un portrait en mouvement : " sortit, cambra, marchait, avançait ". Georges DUROY est un personnage actif, on dira d'ailleurs plus tard que c'est un battant.
Sa silhouette est marquée de son passé militaire qui lui a laissé une certaine prestance : " Comme il portait beau, par nature et par pose d'ancien sous-officier, il cambra sa taille, frisa sa moustache d'un geste militaire et familier" et également tout le cinquičme paragraphe : " Il marchait ainsi qu'au temps oů il portait l'uniforme des hussards, la poitrine bombée, les jambes un peu entrouvertes, comme s'il venait de descendre de cheval ; et il avançait brutalement dans la rue pleine de monde, heurtant les épaules, poussant les gens pour ne point se déranger de sa route. Il inclinait légčrement sur l'oreille son chapeau haute forme assez défraîchi, et battait le pavé de son talon. Il avait l'air de toujours défier quelqu'un, les passants, les maisons, la ville entičre, par chic de beau soldat tombé dans le civil. ".
D'autre part, " Son regard de joli garçon " nous apparaît dans les premičres lignes, et est repris ŕ la fin du passage. Il englobe la vivacité de Georges DUROY, qualifiée comme " des coups d'épervier ". " Frisa sa moustache d'un geste militaire et familier " nous montre que Georges DUROY est trčs viril.
Ces deux points seront donc une arme de séduction que l'on retrouvera tout le long du roman.

b) Ces éléments suggèrent son portrait psychologique
A la fierté de son allure militaire correspond une certaine forme de brutalité, de provocation " brutalement, heurtant, poussant, ne point déranger, défier "
Les termes sont abondants et se résument par la gradation finale : " Il avait l'air de toujours défier quelqu'un, les passants, les maisons, la ville entičre "
Son esprit calculateur est décrit dčs le 4čme paragraphe. Cette quasi obsession est dictée par la faim, la soif.


II-Les thèmes essentiels du roman affleurent dans ce passage

a) Le caractère naturaliste du roman
Avec l'ambiance populaire (" bocks de bičres, pain, saucisson, gargote, collation "), le caractčre naturaliste est ici présenté et nous donne un aperçu de la vie parisienne, un soir d'été, prčs d'un boulevard.

b) Soif d'argent
Le lexique de l'argent apparaît dès la premičre ligne : " Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce de cent sous, Georges DUROY sortit du restaurant. " et est bien présent en détail dans le 4ème paragraphe.

c) Autre thème : les femmes
Un autre thème est aussi important, c'est celui des femmes, dont l'attention est retenue, et le regard que DUROY jette sur elles est une preuve de sa force de séduction.
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