PROGRAMME DE REVISIONS DU CAPES DE LETTRES
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PROGRAMME DE REVISIONS DU CAPES DE LETTRES

Le journal de bord du candidat au capes de Lettres modernes
 
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Magali
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MessageSujet: 1994   1994 Icon_minitimeMer 31 Aoû - 16:07

1994


Sujet de Michel Collot (L'Horizon fabuleux)

Texte et contexte :

Texte:
- "Concept d'horizon" : emprunté à la phénoménologie et Husserl.
- Collot, La Poésie moderne et la structure d'horizon : expérience poétique = "aventure d'un sujet engagé tout entier dans une traversée du monde et du langage".

Contexte:
- Breton, Le Point du jour : "Je tiens les associations verbales pour infiniment plus riches que le sens visuel (...)".
- Riffaterre, "La métaphore filée dans la poésie surréaliste", La Production du texte
- Mallarmé, Crise de vers : "Narrer, enseigner, même décrire, cela va et encore qu'à chacun suffirait peut-être pour échanger la pensée humaine de prendre ou de mettre dans la main d'autrui en silence une pièce de monnaie (...)"
- D. Combe, Poésie et récit, une rhétorique des genres : "En récusant le récit et en revendiquant la liberté d'un langage affranchi de la représentation et rendu à son immédiateté, les poètes s'enferment dans une langue close."
- Valéry, Variété : langage aspirant à être Parole qui "ne démontre ni ne décrit, ni ne représente quoi que ce soit : qui donc n'exige, ni même ne supporte aucune confusion entre le réel et le pouvoir verbal de combiner, pour quelque fin suprême, les idées qui naissent des mots".
- Collot, L'Horizon fabuleux : La situation contemporaine est celle d'une "relation déchirée entre la tentation du langage et la tentation du réel" et les oeuvres poétiques s'inscrivent entre deux tendances : l'une, hermétique, "qui privilégie la "clôture du texte" et met entre parenthèses le sujet et l'objet de l'écriture" ; l'autre, herméneutique, "qui fait du langage le moyen d'une interprétation de soi et du monde."
- Bonnefoy, "La Présence et l'image", leçon inaugurale au Collège de France, Entretiens sur la poésie (1972-1990) : "Et ces excès des mots sur le sens, ce fut bien ce qui m'attira pour ma part, quand je vins à la poésie, dans les rets de l'écriture surréaliste. (...) Mais, passée la première fascination, je n'eus pas joie à ces mots qu'on me disait libres. J'avais dans mon regard une autre évidence, nourrie par d'autres poètes, celle de l'eau qui coule, du feu qui brûle sans hâte, de l'exister quotidien, du temps et du hasard qui sont sa seule substance ; et il me sembla assez vite que les transgressions de l'automatisme étaient moins la surréalité souhaitable, au-delà des réalismes trop en surface de la pensée contrôlée, aux signifiés gardés fixes, qu'un paresse à poser la question pour moi, dont la virtualité la plus riche est peut-être la vie comme on l'assume jour après jour, sans chimères, parmi les choses du simple."

Mode de fonctionnement de la citation :
- Bonnefoy n'aimait pas l'illisibilité des poèmes écrits par les "remueurs de vocables".

Remarques sur les langages de la citation :
- Jakobson, Essais de linguistique générale : le "principe de similarité gouverne la poésie".
- Valéry, Variété : la poésie s'oppose à "la narration d'événements qui tendent à donner l'illusion de la réalité".

Enjeux et problématique du sujet :
- Ricœur, La Métaphore vive : "la stratégie de langage propre à la poésie, c'est-à-dire à la production du poème, paraît bien consister dans la constitution d'un sens qui intercepte la référence, et, à la limite, abolit la réalité.''

La mise en perspective du sujet:
- Valéry, Variété : la poésie est "un langage dans le langage".
- Jakobson, Essais de linguistique générale : la poésie a une ambiguïté et une essence "de part en part symbolique, complexe, polysémique".

Propositions pour une argumentation :

I. L'utilisation du matériau verbal en cause :

=> risques d'illisibilité et singularité du langage poétique.
Enjeu: en quoi l'utilisation du matériau verbal peut-elle conduire à l'illisibilité ?

A. Présupposé d'une certaine conception du langage poétique.

1) Son principe est "un matérialisme de la lettre".

- Ponge : "L'atelier contemporain" du poète ressemble à celui de Fautrier dont les productions s'éloignent de plus en plus du tableau pour n'être que travail sur "une épaisseur de blanc".
- Genette, Mimologiques : le poète est tenté par une imagination du langage, un "cratylisme secondaire" (= mimologisme) et qui a pour dessein "d'établir ou de rétablir dans le langage, par quelque artifice l'état de nature que le cratylisme "primaire", celui de Cratyle, croit naïvement y voir encore ou déjà établi".
- Claudel, OEuvres en prose : "(...) nulle démonstration ne convaincra un poète qu'il n'y a pas de rapport entre le son et le sens d'un mot, sinon il n'y aurait qu'à renoncer à son métier".
- Claudel, OEuvres en prose : la lettre M "qui se dresse au milieu de notre alphabet comme un arc de triomphe appuyé sur son triple jambage, a moins que le typographe n'en fasse un échancrement spirituel de l'horizon".
- Ponge, La Fabrique du pré : "pré" --> "participe passé et préfixe par excellence" (jeu sur l'étymologie).

2) Du signifiant à "la chaîne signifiante" :

- poème de Marbeuf monté à partir d'un système de métaplasmes et de paronomases qui portent trace d'un matérialisme baroque

- Saint- John Perse, Anabase : "flaireurs de signes, de semences, et confesseurs de souffles en ouest" (suites homologiques qui créent l'expansion du texte par des moyens phonico-sémantiques.

- Ponge : son mimologisme est fondé aussi sur la motivation phonique qui convoque "tout le concert des vocables, des résons" : des rapprochements homophoniques à partir du suffixe "ard" associent à "lézard" les adjectifs "fuyard, flemmard, musard, pendard, hagard".

3) Le mot comme unité significative de la poésie moderne.

-Mallarmé, Crise de vers : La poésie moderne "cède l'initiative aux mots (...) remplaçant la respiration perceptible de l'ancien souffle lyrique ou la direction personnelle enthousiaste de la phrase".
- Barthes, "Y a-t-il une écriture poétique?", Le Degré zéro de l'écriture : "Chaque mot poétique est ainsi un objet inattendu, une boîte de Pandore d'où s'envolent toutes les virtualités du langage : il est donc produit et consommé avec une virtuosité particulière, une sorte de gourmandise sacrée".

B. Comment expliquer le risque d'illisibilité ?

1) "Les glissements intensifs de la chaîne signifiante".

- Le Dadaïsme et les poètes lettristes --> jetaient sur le papier une suite de lettres et de phonèmes.
- l'OU.LI.PO. exploitait au contraire les contraintes (lipogrammes, algorithmes) y compris par recours aux machines.
- Desnos, Les gorges froides, Rose Sélavy --> réécriture de locutions lexicalisées ou par acrobaties onomastiques.
- F. Rigolot, Sémantique de la poésie : c'est surtout de l'exploitation de "la motivation analogique du signifiant par rapport et au détriment du signifié" qui caractérise la modernité poétique.
- F. Rigolot, Sémantique de la poésie : "contrairement à une croyance tenace, la motivation analogique apparaît comme l'ennemie déclarée de la conscience poétique".
- Du Bellay, La Défense et illustration de la langue française : il s'en prend aux combinaisons de rimes de la "Grande Rhétorique" et récuse le maniérisme alambiqué des Néo-Pétrarquistes rompus aux jeux du signifiant.

2) La rupture avec le référent, "avec l'être et avec la matière".

- Meschonnic, Pour la poétique : les mots, dans la poésie moderne, sont coupés du réel et
"communiquent avec les autres mots avant de communiquer avec le monde".
- Jakobson, Essais de linguistique générale : "le mot est ressenti comme mot et non comme simple substitut de l'objet ni comme explosion d'émotion".
- Ponge étudie le lézard "dans le monde des mots".

3) Textualité en concurrence avec ou à la place de référentialité.

- Ponge, Le Pratique de la littérature : "On ne peut pas entièrement, on ne peut rien faire passer d'un monde à l'autre, mais il faut, pour qu'un texte, quel qu'il soit, puisse avoir la prétention de rendre compte d'un objet du monde, il faut au moins qu'il atteigne, lui, à la réalité dans son propre monde, dans le monde des textes".

- Ponge, "La Chèvre", Pièces : elle "ne cavale ni ne dévale mais grimpe plutôt, par sa dernière syllabe, des roches abruptes, jusqu'à l'aire d'envol, au nid en suspension de la muette".

C. Réorientation dans le sens de la spécificité du langage poétique.

1) La vigilance de l'auteur.

- Jaccottet, "Textes retrouvés", Contre et avec les mots : "On a tôt fait d'être envahi d'intrus, et ce qu'on voulait dire disparaît à leur profit. Le combat est inégal, les mots étant aussi sûrs d'eux-mêmes que l'écrivant est hésitant."
- Ponge, Pour un Malherbe : goût pour les formules pures en raison de leur "caractère vraiment pierre-de-taille, vraiment bloc indestructible".
- Ponge, "La Chèvre", Pièces : "et tirant nous aussi un peu trop sur la corde, peut-être, pour saisir l'occasion verbale par les cheveux".

2) Cohérence par le dessin de "l'horizon interne du texte" :

- Meschonnic, Pour la poétique : "(la) lecture des signifiants a pour garde-fou aux possibles qu'elle construit le texte comme Système, non pas comme énoncé où se lirait n'importe quoi (...)".
- Genette, Mimologiques : l'horizon le plus étroit est constitué par le vers où les mots sont agencés en "unités plus vastes qui form(ent) comme des vocables synthétiques, globalement justes et nécessaires".
- Mallarmé se méfiait des ressources des mots (harmonie imitative, anagrammes...) parce que la création poétique transcende absolument le donné linguistique, pour créer "l'irréfragable nécessité d'un langage parfait, suprême".

3) Possibilité de discussion et de retournement de la critique de M. Collot.
=> Un autre mode de fonctionnement :

- Riffaterre, "La métaphore filée dans la poésie surréaliste", La Production du texte : " toutes les perspectives sont également fructueuses et l'essentiel sera de les multiplier".
- Convergence entre matérialisme et matière :
- Ponge, "Plat de poissons frits" : mot-valise "odaurades" --> réduction de l'objet à une matière amorphe et d'une réduction de l'objet à une matière amorphe et d'une réticence de sensations qui laissent place à la jubilation d'une riche synesthésie, "cet instant safrané...".

=> Le signifiant révélateur et "fabuleux" :
- Ronsard, Sonnets, II 6 : remotivation du nom d'Hélène par "Le Ré des Généreux, Hélène de Surgères".
- F. Rigolot, Poésie et onomastique : par la fantaisie orthographique et l'équivalence formelle -rets / rais-, Ronsard associe "deux thèmes fondamentaux de l'idéologie pétrarquiste : éblouissement, emprisonnement".
- Nerval, "El desdichado" : "Et la treille où le pampre à la rose s'allie" : le nom de Rosalie s'inscrit et surdétermine le sens, par référence à Artémis ("Sainte Napolitaine aux mains pleines de feux"). Ce signifiant révèle les couches profondes de l'être nervalien (alliant sous le signe du feu le pampre de Bacchus, la rose trémière et la figure de la Sainte). Mais, pour cette lecture, il a fallu inscrire le signifiant dans un triple horizon : le vers, l'oeuvre, la tradition littéraire.
- Valéry, Variété : va-et-vient avec le signifié : "pendule poétique".


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MessageSujet: Re: 1994   1994 Icon_minitimeMer 31 Aoû - 16:08

II. Refus du réalisme et de l'hermétisme comme composantes de la poéticité

=> Ligne argumentative :
La suspension de la référence au réel est-elle une condition nécessaire à la naissance du texte poétique? Mais toute rupture avec le réel fait courir le risque d'un hermétisme qui est pourtant une composante de tout texte poétique.

A. Ouverture du poème au champ du réel.
L'ouverture du poème à "l'horizon externe du monde" est-elle incompatible avec la poésie, sous prétexte de verser dans le réalisme? Le domaine de définition du "réalisme" ne manque pas d'être complexe, compris entre le sens littéral, la périodicité d'histoire littéraire et les questions de registre stylistique.

1) Le discrédit du "réalisme" en poésie.

- Le colonel Godchot a échoué dans la transcription prosaïque du poème "Le Cimetière marin".
- J-M Maulpoix, La Lyre d'Orphée : mimésis = "un pouvoir de composition et le signe d'une habileté technique".

2) Mise en perspective dans la conception classique de la poésie : poésie et / est mimésis.

- Dictionnaire de l'Académie de 1694 : "Narrer, décrire, enseigner" font partie intégrante de la poésie d'âge classique qui s'assigne comme finalités, d'abord la représentation, ensuite le récit : "art de bien raconter ou représenter en vers les actions et les passions humaines (...)".
- La Fontaine, Fables : double caractère, didactique et narratif : art du retournement de situation ("Le Lion, le loup et le renard") ou celui du dénouement en un coup de théâtre ("Le rat et l'huître").
- P. Dandrey, La Fabrique des Fables : l'observation a une valeur nouvelle qui "bénéficie indirectement des enseignements de la littérature et de la promenade agreste".
- "Le Coche et la mouche" tire son pittoresque de l'expressivité des verbes et d'une tendance à extérioriser le sens moral par des gestes.
- Du Bellay, Regrets = "papiers journaux". Sonnet 80, "Si je monte au Palais..." ressemble à une promenade dans Rome et ne se comprend que par référence à l'arrière-plan historique : afflux d'exilés florentins et siennois, plus ou moins endettés et chassés de leur cité par la puissance de Charles-Quint.
- V. L. Saulnier : "Les Regrets sont un journal, mais le journal d'un poète".

3) Poésie et arts de la représentation.

- Dictionnaire de Furetière : "la belle disposition de la fable est aussi nécessaire dans un poème que celle des figures dans un tableau".
- Marmontel, cité par A. Kibédi-Varga, Les Poétiques du classicisme : "Le principe de tous les arts qui se proposent d'imiter la nature est que l'imitation soit quelque chose de ressemblant, et non pas de semblable. (...) L'imitation est donc un mensonge, soit dans le moyen, soit dans la manière dont elle fait illusion".

B. L'écart avec le réel comme condition pour passer de mimesis à poésie.

1) La mise en perspective permet de mesurer que dans la fonction mimétique ne se perd pas la fonction poétique.

=> Dès Aristote, une relation existe entre mythos, mimesis et poésie. Poésie et fiction sont liées par le double sens de "fingere" : façonner et contrefaire par une imitation artificielle.

- D. Combe, Poésie et récit, une rhétorique des genres : "Comme mimesis la fiction est essentielle à la poésie".
- Du Bellay, Les Regrets : la mythologie ne se réduit pas à un rôle ornemental. Les aventures d'Ulysse sont métaphore du séjour romain du poète. Ulysse est transformé en héros "casanier".
- La Fontaine, "Sa majesté Lionne" (VII, 6), "La femme du Lion" (VII, 14), "Le chêne et le roseau".

2) Les signes de la fonction poétique.

- Hugo, Châtiments : prône une poésie des idées, en prise sur l'événement politique et le fait social, mais les poèmes des Châtiments ne sont pas réductibles à la poésie réaliste.

- Eluard, OEuvres : impute aux "mauvais rimailleurs et chansonniers prosaïques" le discrédit de la poésie de circonstance.

- Claudel, OEuvres en prose : " Mais le poète ne se sert pas des mots de la même façon. Il s'en sert non pas pour l'utilité, mais pour constituer de tous ces fantômes sonores que le mot met à sa disposition, un tableau à la fois intelligible et délectable."

3) Du réalisme à la suggestion.

- Mallarmé à Jules Huret, Enquête sur l'évolution littéraire : "Nommer un objet, c'est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite du bonheur de deviner peu à peu ; le suggérer voilà le rêve".
- Mallarmé : le symbolisme consiste à "évoquer petit à petit un objet pour montrer un état d'âme ou, inversement, choisir un objet et en dégager un état par une série de déchiffrements".
- Mallarmé, Crise de vers : "la réminiscence de l'objet nommé (...) baigne dans une neuve atmosphère".

C. L'hermétisme signifie-t-il illisibilité ou est-il une composante de tout texte poétique?

1) De quel hermétisme s'agit-il?

- Valéry, Variété : "Le monde du poème est entièrement fermé et complet en lui-même".
- Mallarmé, Crise de vers : "Le vers qui de plusieurs vocables refait un mot total, neuf, étranger à la langue et comme incantatoire, achève cet isolement de la parole (...)".
- Nerval, "Delfica" : le sonnet nervalien rompt avec la structure binaire des sonnets du XVIe siècle et transforme en une enceinte fermée, les assonances, le préfixe itératif, les reprises de construction contribuent à créer une circularité qui fait sens elle-même. Car Nerval oppose au temps linéaire de l'histoire de la civilisation le mythe de l'éternel retour, temps cyclique qui peut projeter le passé vers l'avenir et reproduire les anciens jours.
- Mallarmé, Crise de vers : les mots -"Basse de basalte et de laves"- auxquels fait écho l'image centrale de l'écume (apostrophée -"mais y baves"- au sujet du "sépulcral naufrage" dont elle gardait jalousement le secret), "s'allument de reflets réciproques comme une virtuelle traînée de feux sur des pierreries".

2) Construction du monde du poème sous le signe d'une nécessité interne.

- Mallarmé, Quant au Livre: "Un balbutiement que semble la phrase, ici refoulé par l'emploi d'incidentes multiples, se compose et s'enlève en quelque équilibre supérieur, à balancements imprévus d'inversions".
- Mallarmé, Crise de vers : "(...) de l'intellectuelle parole à son apogée (...) doit avec plénitude et évidence, résulter, en tant que l'ensemble des rapports existant dans tout, la Musique".
- Mallarmé, "sonnet en yx"
- D. Combe, Poésie et récit, une rhétorique des genres : "la réalité ne désigne pas tant le monde sensible que la consistance quasi matérielle de l'oeuvre poétique, qui travaille sur le matériau phonique et rythmique du langage".

3) Questions de poéticité et de lisibilité.

Une copie : "Faisant suite à cette orientation poétique et la revendiquant comme la modernité, le structuralisme a mis l'accent sur cette particularité du langage poétique à se constituer comme son propre centre".

- Scève, Délie, dizain XVII : associe les éléments du paysage géographique (Rhône et Saône) au symbole cratylique de l'amour.
- Mallarmé, sonnet "Victorieusement fui le suicide beau" : progresse de l'indifférence désespérée au coucher de soleil romantique (d'où naît l'idée d'un suicide) à une chevelure qui recueille les feux évanouis du couchant et recrée, dans l'intimité nocturne du poète, une fête solaire.
- Mallarmé, vers final du Cantique de Saint Jean : peut contradictoirement être lu comme jaillissement vers l'absolu ou retombée d'une extase mystique.
- Apollinaire, "Le Pont Mirabeau".
- Rimbaud, "Aube" : poème comme dévoilement.
- Barthes, Le Plaisir du texte : poème comme texte "scriptible" qui "met en crise notre rapport au langage" et "saisit en chaque point du texte l'asyndète qui coupe les langages (...) le feuilleté de la signifiance".
- J-P Richard, L'Univers imaginaire de Mallarmé : "Devant chaque poème, il faudra donc nous livrer a une sorte de gymnastique mentale qui variera les approches, les poses, multipliera les points de vue, inventera des perspectives inédites (...)".

Une copie : "Le poème doit être l'objet d'un effort, d'un déchiffrement : il ne découvre pas un sens unique et le poème mallarméen n'est pas une énigme. L'absence de tout référent, de toute fleur, entraîner la multiplicité des signifiés rendue possible par la richesse des chaînes signifiantes".


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MessageSujet: Re: 1994   1994 Icon_minitimeMer 31 Aoû - 16:09

III. Le poème comme combinatoire des horizons : fonction herméneutique et questionnement problématique.

=> Ligne d'argumentation :

La combinatoire de deux ou trois horizons crée une dialectique entre ouverture et clôture, qui rétablit la fonction herméneutique de la poésie et, en même temps, assure la relève du réel par l'écriture. Mais elle s'affronte à l'indétermination de l'horizon. Plus que garante de lisibilité, cette dialectique assure les conditions d'une lecture elle-même dynamique.

A. Le poème comme combinatoire dialectique des horizons.
=> La lisibilité, selon M. Collot, repose sur un dépassement de la clôture hermétique par une relation rétablie avec "l'horizon externe du monde".

1) Ouverture du poème au monde : une fonction herméneutique.

- O. Paz, L'Arc et la lyre : "Le mot est un pont par le moyen duquel l'homme essaie de franchir la distance qui le sépare de la réalité extérieure".
- Bonnefoy, La Poésie française et le principe d'identité : "Voici ce qui, je crois, commence la poésie. Que je dise "le feu" (...) et, poétiquement, ce que ce mot évoque pour moi, ce n'est pas seulement le feu dans sa nature de feu -ce que du feu peut proposer le concept : c'est la présence du feu dans l'horizon de ma vie, et non certes comme un objet analysable et utilisable (...), mais comme un dieu actif, doué de pouvoirs." [La présence est comme une unité rétablie dans le monde réel (la "salamandre" dans l'unité de son lieu : âtre, mur, olivier, terre...) et avec le sujet : " les liens qui unissent en moi les choses"].
- Supervielle, Gravitations : comme certains poètes du XXe, il se montre soucieux d'une double communication, avec le monde et avec les lecteurs : "herbeux sommeil", "coeur astrologue". Ses métaphores sont contrôlées par la discursivité du texte et, souvent, une image sert d'épine dorsale à tout le poème ou n'est remplacée que lorsqu'elle a produit tous ses possibles ("Tiges" ; "Haut ciel").
- Saint-John Perse, Discours de Florence : "Poésie, science de l'être! Car toute poétique est une ontologie".
- Saint-John Perse, Anabase : dynamique du langage par énumérations sérielles, rubriques et catalogues savamment agencés qui opère un puissant drainage spatio-temporel de paysages et de civilisations célébrés par une rhétorique de l'éloge.
- Saint-John Perse, Discours de Stockholm : Le texte redéploie le monde "par la grâce d'un langage où se transmet le mouvement même de l'Etre (...)"

2) Echanges dialectiques et mise en abîme :

=> L'horizon "externe" du monde doit s'informer dans l'horizon "interne" du poème.
- Valéry, Variété : poème : "sensation d'univers", "perception d'un monde".
- J-P. Richard, "Géographie magique de Nerval", Poésie et profondeur : mots microcosmes = "mots-abîmes" dans lesquels "se superposent et coïncident de multiples couches signifiantes".

=> L'imbrication des horizons et leur mise en abyme :
- Claudel, "La Maison carrée, Cinq grandes odes : "La passion de la limite et de la sphère calculée" telle est l'ambition du poète qui se compare à Christophe Colomb "quand il se mit à la voile".
- Ponge, "Le Soleil placé en abîme", Pièces : définition de "l'objeu".

=> Par un mouvement réciproque entre les deux horizons, le monde peut se métaphoriser en texte.

- Saint-John Perse, Vents, II : "Et la mer à longs traits, sur ses plus longues laisses, courant de mer à mer, à de plus hautes écritures, dans le déroulement lointain des plus beaux textes de ce monde".

3) Dynamique créatrice du langage poétique et question de lisibilité.

=> Le poème ouvert à l'horizon externe remplit une fonction herméneutique et rompt avec la poésie pure ou avec l' "art pour l'art".
- Nerval, Les Chimères : images et sons de l'Italie : "Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie".
- Valéry, Ego scriptor : "Pour un poète, il ne s'agit pas de dire qu'il pleut. Il s'agit ... de créer la pluie".

=> La métaphore est aussi une figure à double face : fonction herméneutique et fonction esthétique.
Une copie : "En effet, il s'agit de la figure essentielle de la poésie, puisqu'elle symbolise justement la relation entre le réel et le monde poétique".
- Ricœur, La Métaphore vive : elle "crée la ressemblance plutôt qu'elle ne la trouve ni ne l'exprime".
- Proust, A l'ombre des jeunes filles en fleurs : elle "opère une métamorphose des choses représentées" et devient, à la manière des tableaux d'Elstir, "le laboratoire d'une sorte de nouvelle création du monde".
- Ricœur, La Métaphore vive : "si l'énoncé métaphorique doit avoir une référence, c'est par la méditation du "poème" en tant que totalité ordonnée, générique et singulière".

=> L'argumentation rebondit sur la question de la lisibilité.
- Claudel, Art poétique : le texte poétique comme "lecture à tout moment de notre position dans l'ensemble".
- Valéry, Variété : l'horizon externe ressaisi dans le poème devient "système complet de rapports dans lequel les êtres, les choses, les événements et les actes, s'ils ressemblent chacun a chacun, à ceux qui peuplent et composent le monde sensible, le monde immédiat auquel ils sont empruntés, sont d'autre part dans une relation indéfinissable, mais merveilleusement juste avec les modes et les lois de notre sensibilité générale".
- Charles d'Orléans : "forêt de longue attente", "bois de mélancolie" sont des images qui s'inspirent du Cycle du Graal.
- Baudelaire, "Obsession" : la nature évoquée ne se comprend que comme négatif des paysages romantiques.

Une copie : le texte est un monde, au même titre que l'oeuvre d'art, au sens ou monde signifie totalité close, fermée, cohérente".

B. De "l'horizon fabuleux" à l'horizon problématique.

1) "L'invisible sollicite l'image" (M. Collot).

- "L'appel d'un arrière-pays" (Y. Bonnefoy).
- Baudelaire, fonction du poète : "un traducteur", "un déchiffreur". Mais une parole nouvelle devra rendre compte de "l'inépuisable fonds de l'analogie universelle".
- Rimbaud, "Lettre à P. Demeny" : trouver une langue " résumant tout, parfums, sons, couleurs, de la pensée accrochant la pensée, et tirant".
- Hugo, Les contemplations, "Ce que dit la bouche d'ombre" : une figure à deux mots placés en apposition directe et liée, "hydre univers", est un véritable intersigne qui établit "un rapport naturel avec une puissance à la fois cachée et révélée" (Meschonnic).
Des tropes classiques comme le zeugma -"extase et azur"- allient spirituel et visuel dans une valeur symbolique ; un image comme "la mort est bleue" ("Cadaver") donne à voir la métaphysique hugolienne conçue comme équivalence entre idée de mort et de vie nouvelle.

2) Du visible au fabuleux par la fable du texte.

Une copie commente "Le Pain" de Ponge : "métamorphose de la matière mangeable, faite par l'homme, en une matière tellurique, sorte de micro-géographie".

3) Le questionnement d'un horizon problématique.

=> Incertitudes sur l'horizon externe et recherche d'une parole ultime.
- Claudel, "Quatrième ode", Cinq grandes odes : "Je chanterai le grand poème de l'homme soustrait au hasard!".

=> Au contraire :
- Jaccottet se suffit d'une saisie du monde dans la fugacité du passage
- Supervielle le saisit dans le tremblement d'une bougie.
- Relation des mots au monde sur le mode du questionnement.
- Ponge, Méthodes : il apprécie plus que tout "la constante insurrection des choses contre les images qu'on leur impose".
- Bonnefoy, Le Nuage rouge : mauvaise conscience de "l'imagier" : doute au sujet de "l'être propre à l'image, c'est-à-dire de sa capacité d'évasion, où se perd ce que j'appelle le sens".
- J. Thélot, Poétique d'Yves Bonnefoy.
- Jaccottet, Chants d'en bas :
"J'aurais voulu parler sans images, simplement
pousser les porte (...)
on ne vit pas longtemps comme les oiseaux
dans l'évidence du ciel
et retombé à terre,
on ne voit plus en eux précisément que des images
ou des rêves."
- Jaccottet, La Semaison : l'horizon interne des mots : "C'est suspendu là comme une poussière heureuse, un anti-nuage plutôt, une trouée du ciel terrestre, du ciel de l'herbe?"
- J.C. Mathieu, La Poésie de Ph. Jaccottet : "Le mot isole notant la couleur fondamentale qui d'abord attire dans le paysage, est toujours insuffisant ou excessif. Il faut qu'il soit diffracté dans la phrase, décompose et recompose dans le mouvement de l'écriture où il devient "la note intime".
- Jaccottet, Eléments d'un songe : "Que reste-t-il? Sinon cette façon de poser la question qui se nomme la poésie et qui est vraisemblablement la possibilité de tirer de la limite même un chant, de prendre en quelque sorte appui sur l'abîme pour se maintenir au-dessus (...) ; une manière de parler du monde qui n'explique pas le monde, car ce serait le figer et l'anéantir, mais qui le montre tout nourri de son refus de répondre, vivant parce qu'impénétrable, merveilleux parce que terrible..."

C. Discussion

=> La nature du texte poétique.
- D'Aubigné, Les Tragiques : passage de la satire et du pamphlet à la vision en Dieu
- Hugo, Les Contemplations : aboutissent "Au bord de l'infini".
- Hugo, La Légende des siècles : organisée en cycles qui signifient que l'histoire fait boucle, mais suivant une progression jusqu'au XXe siècle -"La liberté dans la lumière"-, pour passer "Hors du temps".
- J. P. Richard, L'Univers imaginaire de Mallarmé, introduction : "Ce qui caractérise toute grande oeuvre, c'est assurément sa cohérence interne. (...) Lire, c'est sans doute provoquer des échos, saisir des rapports nouveaux, lier des gerbes de convergences".

=> Importance de la voix et du rythme.
- Valéry, Variété II : la voix est "le véritable principe poétique".
- Claudel, Réflexions sur le vers français : le verset : "Il consiste en un élan mesuré de l'âme répondant à un nombre toujours le même qui nous obsède et nous entraîne".

Une copie : "M. Collot n'évoque le poème que comme texte, mais il peut être aussi parole, et cela change la perspective du lecteur".

=> Question de sensibilité.

Une copie : "la lisibilité du poème n'est pas synonyme de transparence. (...) Eluard fait référence à des images qui n'imposent pas un sens, mais des sens multiples par la recherche qu'elles suscitent dans l'imagination du lecteur. C'est pourquoi hermétisme n'est pas synonyme d'illisibilité".

Une copie : "Il n'y a pas de lisibilité en poésie, parce qu'il n'y a pas de norme de clarté. (...) Le poème est son propre juge ; il est lisible tant qu'il inspire ou émerveille".

=> De la lisibilité à la lecture.

Une copie : "le lecteur doit en fait se détacher de l'horizon externe du monde pour pénétrer dans l'horizon interne du texte, en d'autres mots, abandonner sa propre vision du monde pour faire sienne celle du poète".

- W. Iser : sa théorie des "actes de lecture", dans le cas de la poésie, s'apparenterait à une lecture-écriture et supposerait un certain hermétisme du poème.

=> Au contraire :
- Bonnefoy, Entretiens sur la poésie : la relation rétablie avec le monde supposerait que l'on puisse "lever les yeux de son livre".
- O. Paz, L'Arc et la lyre : Le plaisir poétique n'est pas donné sans que soient vaincues certaines difficultés analogues à celles du créateur".
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